Pies Dżok (Le chien Dżok)

Cracovie (Kraków), Petite-Pologne, Pologne. 

1990, un homme meurt brutalement d'une crise cardiaque à la hauteur d'un rond-point de Cracovie, laissant son chien Dżok dans une infinie tristesse. Durant une année entière, il reste sur place à attendre son maître adoré. Les habitants de Cracovie, touché par l'attitude de l'animal, le nourrissent. Un beau jour, il finit par suivre une nouvelle maîtresse. Cette fidélité du chien envers l'homme est illustrée dans cette statue. Il existe certainement beaucoup d'histoire comme celle de Dżok et son maître… ne dit-on pas que le chien est le meilleur ami de l'homme ?

Le cœur de Troyes

Troyes, Aube, France.

Terminons cette année difficile sur un cœur, un cœur de Champagne, même. Un cœur qui s'illumine le soir, qui bat littéralement. Ce cœur dédions-le à toutes les victimes du covid-19, d'où qu'elles soient. Dédions-le aussi au personnel soignant et à tous ceux et toutes celles qui ont combattu et combattent toujours le virus qui nous aura toutes et tous marqués cette année. Je vous souhaite un bon passage à l'an 2021. 

Eros bendato (Eros, les yeux bandés)

Cracovie (Kraków), Petite-Pologne, Pologne.
Saint-Louis (St. Louis), Missouri, États-Unis.

Parfois, on aimerait être dans la tête des autres, pour pouvoir les comprendre, pour pouvoir voir la vie comme ils la voient, pour observer ce qui leur passe par la tête. La tête, centre de la réflexion. C'est par là que passent les grandes œuvres, les grandes découvertes, les grandes conneries aussi. À Cracovie et à Saint-Louis, vous pouvez réellement entrer dans la tête d'Eros, le dieu grec de l'amour. Entrer dans cette tête ne vous fera cependant pas entrer dans la tête de l'auteur de l'œuvre. Que fait cette tête seule, couchée, le visage partiellement entouré de bandages ? J'ai lu plusieurs explications mais je ne m'y attarderai pas. Les œuvres d'Igor Mitoraj restent complexes à comprendre mais celle-ci fait la joie des enfants, au point qu'il est difficile de la photographier sans voir une petite tête sortir d'un œil.

À Cracovie, au pied de la tour de l'Hôtel de ville

Christian IV's hanske (Gant de Christian IV)

Oslo, Østlandet, Norvège.

Cette main gantée n'est pas n'importe laquelle et ce geste n'est pas anodin pour la capitale norvégienne. En 1624, la ville d'Oslo est détruite par un incendie. Le Roi de Danemark et de Norvège Christian IV décide de la reconstruire plus à l'ouest. Cette main est la sienne qui montre où il souhaite la rebâtir. La ville devient Christania, en son honneur. Ce n'est qu'en 1925 qu'elle reprend le nom d'Oslo. Aujourd'hui, une place fait encore référence à l'ancien nom de la ville. Une fontaine surmontée d'une sculpture rappelant la refondation de la ville y a été érigée. 

La main au diplôme

Ottignies-Louvain-la-Neuve, Brabant Wallon, Belgique

Mais non, je ne suis pas qu'un bout de papier, je suis un diplôme ! Mais oui, un diplôme, ce n'est pas n'importe quoi. Vous pouvez rire, les billets, mais vous apportez quoi à vos propriétaires ? La possibilité d'acheter une babiole ? Et encore… pour l'avoir cette babiole, votre propriétaire doit se séparer de vous. Et vous les contrats et autre accord ? On peut vous déchirer, vous remplacer par un autre. Nous, les diplômes, nous permettons à celles et ceux qui nous ont obtenus d'avoir un métier, d'être payés tous les mois. Et pas besoin de se débarrasser de nous. Nous sommes invendables. Nos propriétaires nous gardent toute notre vie. C'est pour cela qu'ils peuvent être fiers de nous recevoir. Belle vie à tous celles et tous ceux qui nous ont reçus, cette année.

Light of the Moon (Lumière de la Lune)

La Haye (Den Haag), Hollande-Méridionale, Pays-Bas.

Je vous ai déjà parlé du musée Beelden aan Zee, à La Haye et des sculptures de Tom Otterness que le musée expose en plein air, à la vue de tous. L'œuvre d'un autre artiste, tout aussi connu, est également visible depuis l'extérieur du musée. Tout comme celles de Tom Otterness, les sculptures d'Igor Mitoraj sont facilement reconnaissables. Souvent, elles ne représentent qu'un partie du corps humain, parfois une partie du visage, comme ici. À la fois classique et très moderne. Même incomplet, le visage semble paisible, profitant de l'air de la Mer du Nord et de la lumière de la lune.

Momo

Hanovre (Hannover), Basse-Saxe, Allemagne.

Attention, on vous écoute ! Non, ce n'est pas la Stasi, la CIA ou les services secrets russes qui vous écoutent mais Momo. Et Momo, elle, elle n'écoute pas pour vous espionner, elle a la faculté d'écouter les gens pour les aider. Et dans nos sociétés actuelles, nombreux sont ceux qui ont juste besoin d'une oreille attentive. Momo est l'héroïne du roman pour la jeunesse de Michael Ende (1929-1995), Momo ou l'étrange histoire des voleurs de temps et de l'enfant qui rendit aux gens le temps qui leur avait été volé, publié en 1973 et traduit quinze ans plus tard en français. Alors, si vous cherchez une oreille attentive, rendez-vous à Hanovre.

Befrielsen (Libération)

Uppsala, Uppland, Suède.

Il y a 50 ans, jour pour jour, le 4 avril 1968, à 18:01, heure locale, le Pasteur Martin Luther King (1929-1968) était assassiné à Memphis, au Tennessee. Il avait un rêve : celui d'une Amérique qui vivrait pleinement ses valeurs d'égalité entre les êtres humains. Par son combat pacifiste, il est devenu un exemple et pas seulement aux États-Unis mais partout dans le monde, comme le montre cette sculpture érigée à sa mémoire en Suède, sur une place qui porte son nom. Ce rêve, il est resté pour de nombreux hommes et de femmes. Cinquante ans après sa mort, le racisme est encore bien présent dans nos sociétés occidentales pourtant nourries du premier article de la déclaration universelle des droits de l'homme : "Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits". Combien de temps le monde mettra-t-il pour réaliser le rêve de Martin Luther King ?

 "La haine trouble la vie ; l'amour la rend harmonieuse. La haine obscurcit la vie ; l'amour la rend lumineuse."

Le pouce

Puteaux, Hauts-de-Seine, France.

De nombreux artistes se sont essayés à l'art de l'autoportrait. Ils sont plus rares à avoir reproduit une partie infime de leur corps. Qu'est-ce qui a pris à César de reproduire son pouce dans une taille aussi gigantesque ? Tout a commencé en 1965, pour l'exposition La Main, de Rodin à Picasso. César décide d'agrandir un pouce. Il prend le modèle qu'il a sous la main et c'est le cas de le dire. Son œuvre mesure alors 40 cm. Dans les années '80, il réalise un pouce de 6 mètres de haut pour Jeux Olympiques de Séoul en 1988. Mais César voit toujours plus grand. Il imagine un pouce de la taille de la Tour Eiffel. Il se contentera d'un pouce de 12 mètres, pesant 18 tonnes. C'est La Défense qui souhaitait compléter sa collection publique d'art contemporain qui le lui commande. Une clause demande que ce pouce-là reste le plus grand.

El día y la noche (Le jour et la nuit) / Carmen despierta y Carmen dormida (Carmen réveillée et Carmen endormie)

Madrid, Communauté de Madrid, Espagne.
Boston, Massachusetts, États-Unis.

Représenter le jour et la nuit en sculpture n'est pas forcément chose aisée. Certes, on pourrait représenter un soleil et une lune mais ce sculpteur espagnol a eu une idée plus originale : deux visages de bébé quasi identiques à un détail près. Le visage représentant le jour a les yeux ouverts à l'inverse de celui représentant la nuit. Le bébé qui a servi de modèle à l'artiste est sa petite-fille, prénommée Carmen, alors âgée de six mois. Chacune des têtes pèse deux tonnes. Placées au départ à l'intérieur de la station de la Puerta de Atocha, à Madrid, les deux sculptures monumentales ont été déplacées devant le nouveau terminal en 2010. L'œuvre peut également être vue devant le Museum of Fine Arts de Boston, aux États-Unis.

El día y la noche, à Madrid

Denkpartner (Partenaire de pensée)

Stuttgart, Bade-Wurtemberg, Allemagne.

Pourquoi se tient-on la tête pour réfléchir ? Veut-on placer nos mains au plus près du cerveau pour rattraper les idées qui voudraient s'échapper ? Ou doit-on positionner notre tête d'une manière si particulière que les muscles de notre cou ne peuvent le faire ? Ou alors, l'activité cérébrale fait augmenter le poids de la tête et nous avons peur de la perdre si nous ne la tenons pas. Quoi qu'il en soit, si des avant-bras et des mains ne tenaient pas la tête de cette sculpture, c'est sûr qu'elle tomberait parterre, vu que le sculpteur a oublié une grande partie du corps de ce penseur. Mais dans la vraie vie, qu'en pensez-vous ? Réfléchissez-y et observez si vous vous tenez la tête.

Écoute

Paris, Île-de-France, France.

Qu'écoute cette immense tête en grès ? Là où elle est placée, elle peut entendre bien des choses. Située en face de l'Église Saint-Eustache, elle peut certainement entendre les prêches du prêtre. Si elle est indiscrète, peut-être écoute-t-elle aussi les confessions de quelques pécheurs. Proche du centre commercial du Forum des Halles, les bruits de foule doivent certainement lui revenir. Enfin, les jardins où elle est placée lui offre aussi la possibilité d'écouter une grande personnalité sud-africaine. Le Jardin des Halles a, en effet, été rebaptisé Jardin Nelson Mandela en 2013. Peut-être écoute-t-elle les messages de paix de l'opposant politique au régime de l'apartheid. À force d'écouter, cette tête gigantesque doit en avoir appris des choses. Les révèlera-t-elle un jour ?