Spelende kinderen (Enfants qui jouent)

Berg en Dal, Gueldre, Pays-Bas. 

Des enfants qui jouent ensemble constituent un thème récurrent des sculptures publiques. C'est même le titre de plusieurs œuvres. Qu'ils soient à Hanovre ou à Oslo, ils jouent généralement ensemble. Ceux de Berg en Dal, aux Pays-Bas, se tournent étrangement le dos : la fille semble rêver, le plus jeune garçon joue de l'harmonica, alors que le plus grand crache l'eau de la fontaine (quand elle fonctionne). Drôles de jeux, me direz-vous. Mais qu'importe, cette statue est sympathique et peu importe si le titre n'est pas le plus adéquat. 

Jüngling mit Flöte (Jeune garçon avec flûte)

Zurich (Zürich), Canton de Zurich, Suisse. 

Qui, enfant, n'a pas appris à jouer de la flûte à bec ? Popularisé au 20e siècle, en particulier avant la Seconde Guerre Mondiale, la flûte est considérée comme un instrument facile à maîtriser, et ce, dès l'enfance. Elle s'est donc répandue dans les écoles et dans les académies. En plus, elle est facilement transportable. Et si on en croit cette sculpture, aucun vêtement n'est requis pour en jouer. 

Warendorfer Postillon (Postillon de Warendorf)

Warendorf, Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Allemagne. 

Quel que soit le pays où l'on habite, on croise toutes et tous régulièrement des voitures ou des camionnettes de la poste. Même si l'électronique a fait chuter la distribution de courrier, le service postal demeure et on fête justement, aujourd'hui, la Journée internationale de la poste. Mais comment s'acheminait le courrier avant l'invention de l'automobile ? Par diligence tirée par des chevaux, évidemment. Et pour conduire cet attelage, on faisait appel à un postillon. En français, le terme désigne une personne qui conduit un attelage sur le dos d'un cheval, au contraire du cocher, qui le conduit assis sur la voiture. La langue allemande a repris le terme français mais uniquement pour un convoi postal. Le postillon était souvent muni d'un cor postal. Aujourd'hui, le métier a évolué. Chevaux, diligence et cor ont disparu et le mot "postillon" est tombé en désuétude, du moins dans cette signification. À Warendorf, on garde pourtant une pensée pour cette fonction grâce à cette sculpture.

Johannes und Sophia (Johannes et Sophia)

Mönchengladbach, Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Allemagne. 

"C'est beau la musique ! Et puis, il est beau aussi. Oserais-je, un jour, l'aborder ?". Eh oui, Sophia est sous le charme de ce jeune violoniste ou de sa musique, on ne sait pas vraiment. Elle l'observe à pieds nus devant l'entrée de l'école de musique. On peut même imaginer qu'elle est une petite fille du quartier venant écouter le jeune Johannes. Mais pourquoi ne se rapproche-t-elle pas ? Pourquoi ne pousse-t-elle pas la poste de l'école pour écouter Johannes de plus près ? De mon côté, j'ai poussé la porte mais je ne suis pas sûr que l'école soit ouverte à toute heure. Pensez-y avant d'aller contempler cette sculpture.

Trommlerbrunnen (Fontaine du batteur)

Bad Iburg, Basse-Saxe, Allemagne. 

1764, la paroisse de Glane, en Basse-Saxe, obtient le droit d'organiser un marché annuel. C'est une aubaine après la Guerre de Sept Ans (1756-1763), l'espoir d'un nouvel essor économique. Traditionnellement, le marché s'ouvre au bruit des tambours. Depuis 1984, un jeune batteur rappelle en permanence cette tradition. Du haut de sa fontaine, pieds nus, il avance à grands pas tout en tapant sur son instrument. Ces grands pas l'ont même amené à se déplacer en 2014, lors du réaménagement de la place mais notre jeune garçon n'a pas l'air de s'en soucier et continue à nous divertir.

Meiselocker (Charmeur de mésanges)

Strasbourg, Bas-Rhin, France.

"Wer nie kenn Meise lockt, isch au kenn Bue" nous dit la dernière phrase du texte apposé sur le piédestal de cette sculpture. Comme vous ne parlez peut-être pas l'alsacien (moi, non plus), je traduis (merci Wikipédia) : "Qui n’a jamais appâté les mésanges n’est pas un vrai garçon !" Sexiste, pas vraiment respectueuse de la nature, cette statue aurait de quoi choquer à notre époque. Elle représente en effet, un jeune Strasbourgeois appâtant les mésanges pour les mettre en cage et les vendre au marché. Cette tradition printanière a donné le surnom de "Meiselocker" aux Strasbourgeois. Elle a été échangée avec une autre sculpture qui fit à l'époque couler beaucoup d'encre, celle du Vater Rhein, jugée trop dévêtue. Elle est maintenant à Munich. Aujourd'hui, considérons la statue de ce jeune charmeur de mésange comme une simple évocation du passé de la ville. Sans jugement…  

Folkvisan (Chanson populaire)

Borås, Västra Götaland, Suède.

Comme dans de nombreux pays, les salles de concert de Suède sont fermées depuis des mois. Pour les musiciens, c'est évidemment un coup dur. Alors, beaucoup continuent certainement à jouer chez eux, sans public, juste pour le plaisir. Évidemment chez soi, on peut-être un peu plus relax. Pas besoin d'un smoking, d'un nœud pap' pour faire vivre la musique. Alors, autant être à l'aise… en jeans, en pull ou même… dans le plus simple appareil. L'important… c'est la musique ! 

Chrząszcz (Le coléoptère)

Szczebrzeszyn, Voïvodie de Lublin, Pologne.

"W Szczebrzeszynie chrząszcz brzmi w trzcinie". Si vous ne maîtrisez pas la langue polonaise, cette phrase peut vous sembler un tout petit peu difficile à prononcer. Rassurez-vous, elle l'est tout autant pour les Polonais. C'est un peu l'équivalent de "Les chaussettes de l'archiduchesse sont-elles sèches, archisèches ?". Dans la langue de Mickiewicz, ce ne sont pas les chaussettes de l'archiduchesse qui posent problème mais le coléoptère qui chante dans les roseaux de Szczebrzeszyn, une ville du Sud-Est du pays. Cette phrase est le premier vers d'un poème de Jan Brzechwa (1898-1966), intitulé Chrząszcz (Le coléoptère). On dit que ce texte a inspiré le sculpteur qui lui a d'ailleurs donné le même titre. Cependant, à y regarder de plus près, l'insecte représenté ressemble plus à une sauterelle qu'à un coléoptère et il ne chante pas : il joue du violon. Mais finalement qu'importe : la sculpture est jolie et c'est ça le principal. Alors, écoutons-la !

Die Blechtrommel (Le tambour)

Gdańsk, Poméranie, Pologne.

Un enfant avec un tambour, ça vous rappelle quelque chose ? Un film ? Un livre ? Ce garçon, c'est Oscar, le héros du Tambour de l'écrivain allemand Günter Grass (1927-2015), Prix Nobel de Littérature en 1999. Il est logique de trouver une référence à cette œuvre littéraire à Gdańsk puisque c'est là qu'est né l'écrivain à une époque où la ville s'appelait encore Dantzig et avait le statut de ville libre. C'est aussi dans cette ville qu'Oscar vit et grandit, même s'il ne le veut pas. Le livre paru en 1959 est un énorme succès et est adapté 20 ans plus tard au cinéma par Volker Schlöndorff (1939- ). Le film reçoit la Palme d'Or à Cannes et un… Oscar. Logique ! Aujourd'hui, Gdańsk compte au moins deux sculptures du héros de Günter Grass. Je vous présenterai l'autre plus tard.
 

Kindertransport - Odjazd (Kindertransport - Le départ)

Gdańsk, Poméranie, Pologne.

Replongeons-nous dans les sculptures dédiées à l'opération Kindertransport qui a permis à 10.000 enfants juifs de fuir leur pays sous le joug nazi pour gagner le Royaume-Uni. Je vous ai déjà présenté le monument de Vienne, celui de Berlin et un des monuments de Londres. Aujourd'hui, je vous présente celui de Gdańsk, anciennement Dantzig. Allemande jusqu'en 1919, la ville de Dantzig, fut séparée de l'Allemagne par le Traité de Versailles. Devenue ville libre et sous la protection de la Société des Nations, Dantzig était enclavée dans le territoire polonais mais la grande majorité de la population était allemande. Comme en Allemagne, le parti nazi fut plébiscité dans les années 30. Plusieurs groupes d'enfants juifs purent fuir la ville libre avant son annexion par l'Allemagne, le 2 septembre 1939. Parmi eux, Frank Meisler, à qui l'on doit ce monument mais aussi ceux de Berlin, Hambourg, Londres et Hoek van Holland.

Pillarguristatuen (Statue de Pillarguri)

Sel, Østlandet, Norvège.

Remontons au début du 17^e siècle. À cette époque, la guerre de Kalmar oppose la Suède et le Danemark. La Suède revendique une partie du territoire norvégien, alors contrôlé par le Danemark. Pour vaincre son voisin, la Suède a enrôlé des miliciens écossais. Ceux-ci doivent regagner leurs troupes en passant dans la région d'Otta. Mais la milice norvégienne paysanne leur tend une embuscade. C'est la bataille de Kringen. La légende attribue la victoire dano-norvégienne à une jeune femme nommée Pillarguri (ou Prillar-Guri). C'est elle qui a averti la milice de l'arrivée des Écossais, à l'aide d'un instrument appelé "prillar", une sorte de cor. Les documents historiques ne portent cependant aucune trace de la jeune femme. Pourtant, aujourd'hui, une statue lui est consacrée à Otta, dans la commune de Sel, dont l'écusson porte lui aussi une représentation de Pillarguri.

Toots Thielemans

La Hulpe, Brabant Wallon, Belgique.

Il y a trois ans, jour pour jour, disparaissait Toots Thielemans (1922-2016). Né Jean-Baptiste Thielemans, il était un musicien de jazz réputé mondialement. Son instrument fétiche était l'harmonica. Et c'est naturellement avec cet instrument que le sculpteur a décidé de le représenter. Cette statue a été édifiée à La Hulpe, dans le Brabant Wallon, où il a vécu à la fin de sa vie, mais Toots Thielemans est un icône dans toute la Belgique. Une station de métro portera bientôt son nom à Bruxelles, où on trouve déjà une rue et une place Toots Thielemans.

Fortepian Rubinsteina (Piano de Rubinstein)

Łódź, Voïvodie de Łódź, Pologne.

Envie de jouer un petit concerto avec l'un des plus grands pianistes du 20^e siècle ? Lors de son inauguration, vous auriez pu faire illusion. Le piano derrière lequel est assis le musicien polonais naturalisé américain Artur Rubinstein (1887-1982) était, en effet, pourvu d'un mécanisme qui permettait de diffuser plusieurs musiques de Chopin et de Tchaïkovski, moyennant une petite pièce. Mais quand Sony BMG a réclamé des royalties, la musique s'est tue. Cette mésaventure n'est pas la seule qu'ait connue la sculpture. Placée devant la maison où le jeune Artur Rubinstein a vécu, l'œuvre n'a pas plu à ses héritiers. Sa fille, la photographe Eva Rubinstein, a même écrit à la ville et au Premier ministre polonais pour se plaindre que la statue offensait la mémoire de l'artiste par sa forme et sa faible valeur artistique. L'aile placée sur le piano a particulièrement été critiquée. Chacun se fera sa propre opinion mais depuis 20 ans, la sculpture de Rubinstein est l'une des œuvres publiques incontournables de Łódź, sa ville natale. 

Krasnale Filharmonii Wrocławskiej NFM (Philharmonie naine de Wrocław NFM)

Wrocław, Basse-Silésie, Pologne.

Aujourd'hui, 21 juin, c'est la fête de la musique. Des millions de personnes dans le monde la célèbrent en assistant à des concerts ou, bien sûr, en jouant eux-mêmes de la musique. Dans la rue, sur les places ou dans les parcs, la musique envahit l'espace public. À Wrocław, en Pologne, les célèbres nains sont prêts également. Ils ont formé un orchestre philharmonique de 21 musiciens et se sont installés devant le Forum national de Musique (NFM). La grande esplanade permet d'accueillir une foule immense. Évidemment, vu la petite taille des musiciens, vous ne les verrez peut-être pas. Alors, contemplez-les ici ou allez-y un autre jour. La musique envahit l'espace public tous les 21 juin mais les sculptures présentées sur ce blog, elles, restent accessibles tous les jours de l'année, gratuitement.

Leszko

Wrocław, Basse-Silésie, Pologne.

Hey, les gars, c'est moi, Leszko ! Aujourd'hui, nous sommes le 1^er mai ! Et tous les 1^er mai, à Wrocław, on célèbre Jimi Hendrix avec quelques potes guitaristes. Et vous savez quoi ? C'est moi qui dirige toute cette bande. Il y a 7 ans, nous étions 7273 à jouer Hey Joe tous ensemble. Ça nous a valu de rentrer dans le Guiness book des records. Mais, c'est vrai : un nain de Wrocław ne peut pas être à l'origine de ce record. En réalité, c'est mon grand frère : Leszek Cichoński (1957- ). Vous le reconnaîtrez facilement. Il a la même tête que moi. Il est aussi souvent accompagné d'une guitare. Par contre, il est grand et ne porte pas de bonnet.

De blauwe vioolspeler (Le violoniste bleu) / Man probeert lijn 10 te halen (Homme tentant d'attraper la ligne 10)

Amsterdam, Hollande-Septentrionale, Pays-Bas.

1982, les Amstellodamois découvrent le premier méfait d'un homme invisible. Non, je ne parle pas de ce violoniste sans visage qui tente d'attraper la ligne 10 mais de son créateur. En effet, l'artiste qui a réalisé cette œuvre est resté anonyme. L'histoire en resterait sans doute là si d'autres œuvres, placées dans l'espace public, ne lui avaient pas été attribuées. En 35 ans, on lui devrait neuf œuvres dont sept à Amsterdam, une à Velsen et une à Amersfoort. Qui est-il ? On ne sait pas. Certains noms ont circulé comme celui du sculpteur américain Gene Holt mais il a démenti. D'autres imaginent que ces sculptures pourraient avoir été réalisées par… la Reine Beatrix. Le mystère reste entier… En attendant, le violoniste n'a toujours pas attrapé son tram et malheureusement pour lui, la ligne 10 ne circule plus depuis le mois de juillet 2018…

Lo Divino (Le Divin)

Santa Cruz de La Palma, Îles Canaries, Espagne.

Allez, partons aux Îles Canaries pour parler de Noël. Je sais, ça peut paraître étrange mais sur l'Île de La Palma, la tradition de Noël est très forte et les touristes peuvent découvrir toute l'année cette sculpture de musiciens. Les Divinos de la Palma qui y sont représentés jouent traditionnellement des chants de Noël pendant neuf jours avant Noël, et ce, depuis 1947. Vous pouvez, dès lors, aller les écouter ou simplement aller voir leurs statues.

Junge mit Tuba (Garçon au tuba)

Waldenbuch, Bade-Wurtemberg, Allemagne.

Ce jeune garçon aurait pu choisir d'apprendre la flute, le violon ou la trompette mais il a choisi le tuba. Un instrument plus grand que lui ! Dans cette statue, le sculpteur a voulu montrer la persévérance et le courage des musiciens. Apprendre la musique demande du temps et du travail. Ce petit garçon s'attaque à plus grand que lui mais il y arrivera et provoquera l'admiration. Le jeune musicien répète devant l'académie de musique de Waldenbuch, dans le sud-ouest de l'Allemagne. Il encourage les élèves-musiciens à se surpasser.

Optimistorkestern (Orchestre optimiste)

Malmö, Scanie, Suède.

Les fanfares ont beau être démodées, il suffit d'en croiser une pour se rendre compte de la foule qui s'arrête pour la regarder, voire la photographier ou la filmer. À Malmö, cette fanfare ou plutôt cet orchestre optimiste est sans doute l'une des œuvres les plus photographiées. Pourtant, ces musiciens n'émettent aucun son. La formation est d'ailleurs également réduite : une trompette, un tuba, un hautbois et un trombone. Le tout conduit par un tambour-major. Mais ces personnages stylisés en font une sculpture qu'on ne peut s'empêcher de trouver sympathique.

Adolphe Sax

Dinant, Province de Namur, Belgique.

Imaginée par le musicien américain Joel Cohen (1942- ) et mise en place en 1982 par le ministre français de la culture, Jack Lang (1939- ), la Fête de la Musique est célébrée partout dans le monde le 21 juin ou le week-end qui précède ou qui suit. Certains d'entre vous ont été voir ou iront voir des concerts, dans une grand ville, une plus petite ou un village. Concert de rock, de jazz, électro ou de chanson française, peu importe. Certaines villes sont inévitablement liées à la musique parce qu'elles ont engendré un grand musicien. C'est le cas de Dinant, en Belgique. C'est là qu'est né l'inventeur du saxophone, Adolphe Sax (1814-1894). Outre les nombreuses références à la musique dans toute la ville, on trouve une statue du musicien devant sa maison natale. Il y est représenté sur un banc, un saxophone sur les genoux. Peut-être aurez-vous envie de vous asseoir à côté de lui pour lui parler de musique ou pour lui jouer un air. Alors, en avant la musique !