Éloge du pas de côté

Nantes, Loire-Atlantique, France.

Que ce soit dans une entreprise, dans la politique ou dans n'importe quelle organisation, on trouve des hommes et des femmes accrochés à leur poste. Ils se savent critiqués, peu à la hauteur de la situation, voire complètement nuls mais ils s'accrochent quitte à faire basculer le monde dont ils sont responsables. Je suis sûr que vous aussi vous avez en tête des noms de personnes que vous aimeriez voir faire un pas de côté. Et qu'est-ce que ça donne si une statue classique posée sur un piédestal faisait ce pas de côté ? Le sculpteur Philippe Ramette a concrétisé cette attitude dans une sculpture à Nantes, en se mettant lui-même en scène. Elle nous renvoie aussi à l'actualité récente, à ces statues que certains aimeraient voir faire un pas de côté. Comprenez : ces statues que certains voudraient voir disparaître de l'espace public. Par contre, cette œuvre nantaise, originale, interpellante, provocatrice, on aimerait en voir plus en France où les œuvres monumentales restent très classiques par rapport à ses voisins.
 

Jubilee sculpture (Sculpture du jubilé)

Portsmouth, Angleterre du Sud-Est, Royaume-Uni.

S'asseoir quelque part et observer les bateaux qui partent et qui viennent dans le port. Ça a toujours quelque chose de fascinant. On imagine où ils vont, d'où ils viennent, on observe les adieux, les retrouvailles. Ce jeune garçon contemple ces va-et-vient dans le port de Portsmouth. Peut-être rêve-t-il à son futur, aux voyages qu'il fera, au métier qu'il souhaite exercer. Dans cette sculpture érigée pour les 50 ans de règne de la Reine Elizabeth II, il représente le futur, alors que la proue est celle du yacht royal Britannia, qui fut désarmé en 1997 à Portsmouth.

Den deugniet (Le garnement)

Anvers (Antwerpen), Province d'Anvers, Belgique

Montrer ses fesses nues est un acte destiné à marquer sa désapprobation ou son irrespect. Pour les plus jeunes, ça peut être une simple provocation, par jeu, pour voir la réaction des adultes. Seront-ils choqués ? Amusés ? Tout dépendra sans doute du contexte. Dans le cas de cette statue, on ne connaît pas vraiment le contexte, si ce n'est qu'il s'agit d'un jeune garçon, qu'on dit de la famille de Manneken Pis. Pourquoi ce garnement montre-t-il ses fesses aux passants ? Je l'ignore mais la statue a inspiré un poème et une bière. Preuve que la plupart des gens ont sans doute été plus amusés que choqués de l'effronterie de ce jeune Anversois.

Skärgårdsfiskare (Pêcheurs de l'archipel)

Göteborg, Västra Götaland, Suède.

Certaines sculptures rappellent l'histoire des lieux où elles ont été érigées. Elles reproduisent une scène et des personnages du passé. Cette œuvre rappelle le commerce du poisson à Göteborg. Les pêcheurs de l'archipel apportaient leur prise du jour à l'endroit même où se dressent ces statues. On y retrouve le pêcheur apportant une caisse de poissons à un acheteur, un homme qui nettoie le poisson sous l'œil envieux d'un chien et puis un jeune garçon qui observe, se questionnant sur son avenir. Sera-t-il pêcheur ou armateur ? On dit qu'il représente l'armateur Sten A. Olsson (1916-2013) ou son père. La pêche reste décidément un sujet récurrent dans les sculptures publiques.

Une copie a également été érigée sur l'île de Donsö (qui fait partie de Göteborg, également) mais la disposition des statues est un peu différente.

Chrząszcz (Le coléoptère)

Szczebrzeszyn, Voïvodie de Lublin, Pologne.

"W Szczebrzeszynie chrząszcz brzmi w trzcinie". Si vous ne maîtrisez pas la langue polonaise, cette phrase peut vous sembler un tout petit peu difficile à prononcer. Rassurez-vous, elle l'est tout autant pour les Polonais. C'est un peu l'équivalent de "Les chaussettes de l'archiduchesse sont-elles sèches, archisèches ?". Dans la langue de Mickiewicz, ce ne sont pas les chaussettes de l'archiduchesse qui posent problème mais le coléoptère qui chante dans les roseaux de Szczebrzeszyn, une ville du Sud-Est du pays. Cette phrase est le premier vers d'un poème de Jan Brzechwa (1898-1966), intitulé Chrząszcz (Le coléoptère). On dit que ce texte a inspiré le sculpteur qui lui a d'ailleurs donné le même titre. Cependant, à y regarder de plus près, l'insecte représenté ressemble plus à une sauterelle qu'à un coléoptère et il ne chante pas : il joue du violon. Mais finalement qu'importe : la sculpture est jolie et c'est ça le principal. Alors, écoutons-la !

Homme jouant avec quatre enfants

Oslo, Østlandet, Norvège.

C'est l'une des statues les plus connues du Parc Vigeland, à Oslo, mais aussi l'une des plus mystérieuses. Que font exactement cet homme et ces bébés ? L'homme est-il attaqué par les bébés ? Jongle-t-il avec eux ? Ou simplement joue-t-il avec eux comme l'indique le guide officiel qui me sert de référence pour les titres des œuvres ? Certains qualifient aussi les bébés comme des génies. Chacun se fera sa propre interprétation de l'œuvre. Elle n'en demeure pas moins également une des réalisations les plus souvent citées parmi les sculptures insolites du monde entier.

El regreso de Williams B. Arrensberg (Le retour de Williams B. Arrensberg)

Oviedo (Uviéu), Asturies, Espagne.

Qu'on se le dise : Williams B. Arrensberg est de retour à Oviedo. Entouré de bagages, il semble attendre sur la place principale de la ville qu'on vienne le chercher. D'où vient-il ? Qui est-il ? Qui attend-t-il ? Personne ne le sait. À tel point qu'il attend là depuis… 27 ans, quand-même. Et encore… À voir ses habits et la modernité toute relative de ses bagages, il doit même venir d'une époque nettement plus lointaine. Peut-être un voyageur du temps ? Alors, si vous êtes celui ou celle qui devait venir le chercher, ne vous pressez pas. Il fait partie intégrante du paysage urbain maintenant. 

Freundschaft verbindet (L'amitié unit)

Rees, Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Allemagne.

S'entraider, tirer l'autre vers le haut, se (sou)tenir dans les moments difficiles, tendre la main… L'amitié, c'est tout ça. On ne sait pas trop bien si ces deux garçons escaladent un mur par jeu, par défi ou pour fuir d'un endroit mais on sait qu'ils sont unis par l'amitié et c'est ça le principal…